DOMINIQUE DE LAAGE
CORRESPONDANCE SPÉCIALE
On saura en fin de semaine de quoi sont morts les 36 sangliers de la « baie des cochons » de Saint-Brieuc. Trois options sont en cours d'analyse. Les animaux peuvent avoir été victimes d'une bactérie inconnue jusqu'alors dans le secteur. Du fameux gaz H2S (hydrogène sulfuré) produit par les algues vertes en décomposition. Ou encore avoir été empoisonnés par un propriétaire excédé.
Les écologistes se réunissent aujourd'hui pour rebaptiser la chapelle Saint-Martin qui surplombe l'hécatombe « Notre-Dame des algues ». Ils sont convaincus de la responsabilité du H2S et des algues vertes issues de l'agriculture intensive (élevages de cochons et maïsiculture). Ils sont bien décidés à utiliser cette nouvelle affaire comme levier pour exiger davantage du plan « algues vertes » initié lors de la fugace conversion de Nicolas Sarkozy à l'écologie en début de mandat.
Les Bretons de la baie de Saint-Brieuc ne croient guère à cette thèse. L'unité de temps et de lieu de l'hécatombe, le fait qu'elle n'ait touché que cette compagnie de sangliers, indiquerait plutôt un acte de malveillance. Assoiffés par le poison, ils seraient tous venus mourir à 600 mètres de la mer, dans l'eau douce des filières (les ruisseaux qui se jettent dans la mer).
Le long de l'estuaire du Gouessant, qui draine les toxines de la moitié de l'élevage breton (600 cochons au km² contre 50 sur l'ensemble du territoire français), le nom d'un propriétaire dont les plantations d'arbres auraient été récemment dévastées par les sangliers commençait à circuler hier. « Si c'est lui, il ne doit plus en dormir. Car il aura foutu une sacrée m***** », entendait-on déjà du côté de Morieux et Hillion. Quel que soit le verdict des analyses, il ne sera pas de nature à apaiser les esprits tant ceux-ci se sont radicalisés depuis l'apparition des premières « salades » en 1968. Pour avoir tant et tant mené les défenseurs de la nature en bateau depuis des décennies, la parole préfectorale, trop longtemps au service du lobby agricole, n'est plus audible. Et, depuis que l'évidence écologique s'est imposée dans les médias et dans la plupart des esprits, la parole écolo est devenue aussi outrancière que le fut récemment celle des éleveurs et cultivateurs.

le 4ème chapitres
Rumeur ? ou pas
Source : http://www.sudouest.fr/2011/07/31/dans-la-baie-des-cochons-464175-755.php